L’art qui murmure la lenteur au corps (journal La Montagne 15 09 2012)


Taï-chi-chuan, chi-kong, gymnastique taoïste, ces arts martiaux internes qui vous veulent du bien sont à découvrir.

 

Article: Julie Ho Hoa ; photographe : Dennis Goodger

 

Patience, tempérance, souplesse, équilibre, le taï-chi-chuan fait figure de refuge loin du stress et de l’empressement quotidiens. Pour Pascal Labesse, devenu professeur de taï-chi en Creuse, ce fut même une révélation. Aujourd’hui, il anime quatorze cours par semaine dans tout le département au sein de l’Association Creusoise de Taï Chi Chuan.

Créée il y a quinze ans par Jean-François Billey, venu de Bourges, celle-ci comptait à peine une trentaine de membres en 2000. Ils sont aujourd’hui 171 pratiquants en Creuse. « le taï-chi, comme son pendant le chi-kong, sont devenus très tendance, sourit Pascal Labesse, mais au delà de ça, les médecins commencent à se pencher sur le sujet. Les neurologues ont reconnu qu’il pouvait diminuer de moitié (47,5% exactement ) le risque de chute. Dans la maladie de Parkinson, ajoute-t-il, sa pratique limite la dégradation de l’équilibre. »

Redécouvrir son corps, apaiser son esprit.


Car si la lenteur des mouvements et l’apparent immobilisme peuvent en faire sourire certains, qu’ils se détrompent : pour cet art martial de santé, l’effet est tout… intérieur. « Cette lenteur, elle a plusieurs rôles : tranquilliser le mental, prendre simplement le temps, prendre conscience de son corps et faire circuler son énergie. C’est difficilement concevable pour nous, mais dans le taï-chi, ce qui est important ne se voit pas. On est sans cesse dans l’expérience, il n’y a pas un catéchisme à intégrer, on le sent dans le corps. »

 

Car tout le travail du taï-chi consiste à remplacer la force musculaire par la force énergétique, un principe issu de la philosophie taoïste.

 

« Le taï-chi n’est pas une thérapeutique mais il apporte une vraie détente, une plus grande liberté, une plus grande stabilité corporelle et un soulagement très rapide des douleurs, des maux de reins ou des tensions dans les trapèzes, explique Pascal Labesse. L’objectif, c’est de prendre soin de soi, d’être dans le mieux-être ».

Les cours de l’association sont ouverts à tous, la seule condition est de pouvoir tenir debout une heure, voire 1h15 pour enchaîner les postures. Les séances se font en groupe d’une dizaine de personnes, où l’«on travaille pour soi », précise le professeur qui a pris soin de développer une section séniors à qui cette discipline est particulièrement recommandée.

 

« Lors des cours, j’indique toujours aux pratiquants et notamment aux séniors, comment ils peuvent réinvestir ce qu’ils apprennent dans la vie quotidienne. Certains me disent que les petits enfants commencent à peser lourd par exemple, je leur explique comment les porter pour se soulager, pour ne pas se faire mal et puis pour continuer à faire des choses qu’ils n’arrivent plus à faire avec le vieillissement… »

 

Il est également en train de se former pour « prendre en charge des personnes qui ont un handicap moteur léger ou qui sont fatiguées, avec un travail assis ». Apporter du bien-être aussi bien physique que mental, c’est toute la mission de ce passionné de taï-chi. « C’est important de retrouver la sensation de son corps et d’arriver à une posture juste ; quand la respiration vient se caler dessus, ça fait un effet incroyable sur le mental. »

 

Grâce à cet art venu de l’empire du « juste » milieu, chacun peut, tout en douceur, recharger ses batteries, renforcer sa concentration, aguerrir sa souplesse. Et pour s’essayer à cette « danse de la vie », les deux premiers cours sont gratuits.

Pascal Labesse s’est formé auprès des maîtres chinois

 

En 1996, Pascal Labesse découvre le taï-chi-chuan à 38 ans. Une révélation, une libération et une vraie passion depuis.

Aujourd’hui titulaire d’un brevet d’enseignement des arts martiaux chinois internes, Pascal Labesse est venu presque par hasard au taï-chi-chuan.

« Grâce à ma femme, confie-t-il. Je ne connaissais pas du tout le taï chi ; on a été à deux cours gratuits et puis je l’ai laissée y aller seule. Au bout de 2 mois et demi, elle m’a dit : «Il faut que tu viennes, ça te correspond tout à fait ! ». J’ai démarré en dilettante et au bout de trois ans, j’en étais à 45 jours de stage par an ! Quand j’ai connu le taï-chi, j’avais 38 ans, je marchais comme une personne d’un grand âge, je souffrais du dos depuis quinze ans et quand je portais mes enfants de trois kilos, mes vertèbres sautaient… Je n’étais bien ni dans mon corps, ni dans ma tête. Huit ans plus tard, j’ai refait le pont arrière… »

 

En 2003, Pascal Labesse obtenait son brevet d’enseignement avant de poursuivre sa formation auprès de trois maîtres chinois à Paris, à Londres, à Lille et en Belgique. Désormais, son professeur est Jean-François Billey, l’un des meilleurs élèves au niveau européen de Maître Chu King Hung. Depuis juin 2006, il est également membre de jury auprès de la Fédération Française des Wushus, Arts Energétiques et Martiaux Chinois.