L'exercice physique est-il conseillé en cas d'arthrose de la hanche ou du genou ?


L’arthrose est une maladie du cartilage à ne pas confondre avec l’arthrite qui est une inflammation de l’articulation et différente de l’ostéoporose qui est une maladie de l’os. L’arthrose peut être une maladie propre du cartilage ou bien résulter d’une anomalie des structures avoisinantes (déformation, fracture, lésions préexistantes) entrainant secondairement une atteinte du cartilage.

Le cartilage est un tissu vivant, chargé d’assurer le glissement des extrémités osseuses à l’intérieur de l’articulation. Il assure également une fonction d’amortissement biologique pour réduire l’impact des chocs entre les os de l’articulation. C’est un tissu en renouvellement permanent y compris chez les personnes âgées. L’arthrose n’est donc pas liée à une usure au sens propre du cartilage. Elle évolue souvent par poussées douloureuses qui correspondent à un accès inflammatoire local.

L’exercice physique a un rôle essentiel dans la prévention de la maladie, associé à la perte de poids, au contrôle du surmenage articulaire, professionnel ou sportif, et à la correction des défauts anatomiques qui modifient le fonctionnement articulaire normal. L’effet de l’exercice physique a été particulièrement étudié dans l’arthrose du genou, responsable d’une douleur, puis d’une raideur à la marche. L’exercice, adapté aux possibilités du malade, a une action favorable sur la douleur et la fonction de l’articulation. Cette amélioration est particulièrement nette pour l’arthrose de la rotule, qui est très gênante, spécialement à la montée et à la descente des escaliers.

Les exercices physiques peuvent se pratiquer à tout âge, mais toujours en tenant compte de l’importance du handicap et de la souffrance propre à chaque cas. C’est seulement dans les cas extrêmes que, quand ils ne peuvent plus remplir l’objectif thérapeutique, à savoir une amélioration de la condition et une réduction du handicap, qu’il faut renoncer aux exercices physiques. Dans tous les cas, les exercices de renforcement sont privilégiés. Ils doivent être enseignés au départ par un kinésithérapeute ou un médecin rééducateur fonctionnel. Les exercices ne sont pas les mêmes pour une arthrose du genou ou de la hanche. Il est recommandé d’avoir de bonnes semelles ou des chaussures qui absorbent les chocs. Pour les personnes obèses, ou en surpoids, un programme d’éducation du patient permet d’améliorer l’observance diététique et de conseiller des exercices appropriés.

Enfin, certaines précautions s’imposent. Ainsi, un patient qui ne pratiquait aucun exercice physique auparavant doit les commencer très progressivement. Il est recommandé de répéter chaque exercice 10 fois de suite et, si la douleur le permet, d’augmenter la fréquence de 5 toutes les semaines jusqu’à un maximum de 30. Inutile de chercher la performance, la pratique quotidienne, au mieux régulière, est garantie d’une meilleure efficacité. A condition que le handicap ne soit pas majeur, l’exercice physique a toujours un effet bénéfique sur la douleur et la fonction. Il est aussi dépourvu d’effets secondaires en dehors de quelques courbatures, au début.

On ne recommandera jamais assez la marche, les exercices d’aérobic, les programmes de renforcement musculaire, le stretching, c’est-à-dire les étirements des articulations ou la gymnastique aquatique, et pourquoi pas le tai chi, dont une étude chinoise vient de démontrer qu’il soulage les femmes âgées souffrant d’arthrose du genou. Sans compter que les bienfaits de l’exercice physique en général dépassent les problèmes articulaires, mais concernent aussi notamment la sphère cardio-vasculaire.                    

Professeur Richard TREVES – Rhumatologue – rubrique" Questions santé" du  Figaro; lundi 1er mars 2010 )