Meilleur équilibre et indépendance fonctionnelle - Parkinson : les bienfaits du Tai Chi


La pratique régulière du tai-chi, un art martial chinois basé sur l’équilibre, est un exercice bénéfique pour les patients souffrant d’une maladie de Parkinson légère à modérée, selon une étude randomisée. Les patients faisant du tai-chi, à raison de deux séances par semaine durant six mois, ont moins de troubles de l’équilibre et une meilleure performance fonctionnelle que les patients pratiquant un entraînement en résistance ou des exercices d’étirements. De plus, le tai-chi est plus efficace que les exercices d’étirements pour réduire les chutes.

Au fur et à mesure que progresse la maladie de Parkinson, les patients perdent leur stabilité posturale et présentent des troubles de la marche, des difficultés pour gérer les activités quotidiennes et un risque accru de chutes.

Tandis que la dysfonction motrice, comme le tremblement, peut être soulagée par la thérapie médicamenteuse, l’instabilité posturale y est moins sensible et requiert des approches alternatives.

Une approche pourrait être l’exercice. Celui-ci fait partie intégrante de la prise en charge de la maladie de Parkinson car il retarde la détérioration motrice et prolonge l’indépendance fonctionnelle.

Mais quel type d’exercice peut-on recommander ? Les exercices en résistance visant à lutter contre les pertes d’équilibre et de force se sont montrés bénéfiques ; toutefois ils exigent une surveillance et un équipement lourd.

Li et coll. ont donc conduit une étude randomisée afin de voir si un programme de tai-chi adapté pourrait améliorer le contrôle postural chez les patients souffrant d’une maladie de Parkinson idiopathique légère à modérée.

 

Une heure, deux fois par semaine.

Dans ce travail, 195 malades ont été affectés par randomisation à l’un des 3 groupes d’exercice : tai-chi, entraînement en résistance, étirements. Les patients participaient à des séances d’exercice d’une heure, deux fois par semaine, pendant 24 semaines au total.

Le principal résultat examiné a été l’amélioration de la stabilité  posturale limite (excursion maximale et contrôle directionnel) mesurée de façon objective (Balance Master System, NeuroCom). D’autres critères secondaires ont été examinés : la marche et la force ; l’équilibre avec les scores au test de Timed-up-and-go et au test du Functional-Reach (évaluant l’équilibre lors d’une tâche de pointage) ; les scores moteurs à l’échelle EPDRS ; et le nombre de chutes.

L’étude montre que les patients qui font du tai-chi perdent moins l’équilibre lorsqu’ils se penchent dans une direction (excursion maximale) et présentent un meilleur contrôle directionnel de leur corps, comparés aux patients qui pratiquent un entraînement en résistance, ou des exercices d’étirements.

Le tai-chi est supérieur aux étirements pour tous les critères secondaires, et il est supérieur à l’entraînement en résistance pour la longueur des foulées et l’équilibre lors d’une tâche de pointage (Functional-Reach).

Enfin, le tai-chi réduit la fréquence des chutes, comparé à la pratique des étirements, mais il est aussi efficace que l’entraînement en résistance pour réduire les chutes.

Il convient de noter que les bénéfices du tai-chi se maintiennent trois mois après l’intervention ; en outre aucun effet secondaire sérieux n’a été observé.

« En tant que programme d’exercice efficace et sûr, le tai-chi peut être ajouté aux thérapies physiques actuelles pour traiter certains des principaux troubles du mouvement dans la maladie de Parkinson, comme l’instabilité posturale et les troubles de la marche », explique au « Quotidien » le Dr Fuzong Li (Oregon Research Institute, Eugene, Etats-Unis), qui a dirigé l’étude. « Du point de vue de la rééducation, la pratique du tai-chi – qui se concentre sur le transfert du poids rythmé, la torsion contrôlée de la cheville jusqu’aux limites de la stabilité, l’alternance d’une position étroite et large, le temps de repos prolongé sur la jambe de soutien, l’engagement de la rotation du pelvis et du tronc, et la pratique de mouvements de pas, en posant le talon contre les orteils et en abaissant le talon – peut aider à améliorer le contrôle postural et la faculté de marcher, atténuer les symptômes cardinaux de la maladie et améliorer l’indépendance fonctionnelle. »

 

Dr Véronique Nguyen – Le Quotidien du Médecin – n° 9081 – jeudi 9 février 2012

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Li et coll. New England Journal of Medicine du 4 février 2012

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